Dans un communiqué diffusé par le Haut commissariat des Nations unies pour les droits de l’homme à Genève, l’expert indépendant a accusé Israël de recourir à un châtiment collectif et de ne pas distinguer entre cibles militaires et civiles.
"Les responsables d’actes aussi lâches se rendent coupables de graves crimes de guerre et doivent être poursuivis et sanctionnés", a estimé Dugard, estimant que l’intervention israélienne a fait près de 40 morts dans les rangs palestiniens durant la semaine.
Le rapporteur a particulièrement condamné le tir de missiles contre un bâtiment administratif à proximité d’une cérémonie de mariage, estimant que l’armée israélienne ne pouvait ignorer le risque de pertes humaines parmi les civils.
Dugard a estimé que les Etats-Unis et les autres pays engagés dans le processus de paix d’Annapolis avaient "une obligation à la fois légale et morale" de forcer Israël à mettre fin à son intervention.
Les opérations israéliennes sont en représailles à des tirs de roquettes lancés depuis Gaza contre le territoire de l’Etat hébreu.
Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU se réunira mercredi en session extraordinaire afin d’examiner la situation dans les territoires palestiniens, à la demande des pays arabes et islamiques qui ont réuni 22 signatures sur les 47 pays membres du Conseil, a annoncé l’ONU vendredi soir.
L’armée israélienne a parallèlement poursuivi ses opérations contre les Palestiniens, tuant deux membres du mouvement islamiste Hamas, maître de Gaza, dans un raid aérien à Jabaliya (nord).
Depuis jeudi soir, l’approvisionnement en carburants, en produits alimentaires et en aide humanitaire est stoppé à la suite de la décision israélienne d’accentuer sa pression contre le Hamas pour tenter de faire cesser la pluie de roquettes qui s’abat sur le sud de l’Etat hébreu.
Conséquence immédiate : de nombreuses stations essence n’avaient plus de carburant, nécessaire au fonctionnement des générateurs qui fournissent l’électricité lors des coupures de courant, huit heures par jour.
Israël a fermé tous les points de passage y compris pour les carburants.
Vendredi, il n’y a eu aucune livraison, a affirmé, sous couvert d’anonymat, un haut responsable de l’Union européenne, qui finance l’achat des carburants palestiniens.
Les habitants de ce territoire surpeuplé et pauvre se sont précipités dans les stations service après l’annonce du bouclage.
"Nous n’avons plus de diesel. Les gens, surtout les conducteurs de taxi, se sont rués sur les pompes", a affirmé le propriétaire de la station essence al-Tarazi, l’un des plus importantes de Gaza.
Le responsable de l’agence de l’ONU pour les réfugiés (Unrwa) à Gaza, John Ging, a indiqué que la seule centrale électrique de Gaza, qui ne fonctionne déjà qu’à moitié de ses capacités depuis plusieurs mois, pourrait cesser sa production sans approvisionnement rapide.
"Nous sommes très inquiets car il y a déjà de très importantes coupures d’électricité" en raison de la réduction, en décembre, de l’approvisionnement israélien de courant à Gaza, a souligné Ging, précisant que les hôpitaux du territoire avaient du mal à fonctionner.
"Des quartiers comme Choujaïya sont déjà sans électricité depuis quatre jours", a poursuivi le responsable onusien.
Selon Ging et le haut responsable de l’UE, les autorités israéliennes leur ont fait savoir que le bouclage total de Gaza "serait réexaminé lundi".
Face à cette situation, le porte-parole du gouvernement du Hamas, Taher al-Nounou, a appelé l’Egypte à ouvrir le point passage de Rafah pour "faire entrer les produits de base", tout en promettant que son mouvement ne plierait pas face aux sanctions.
La frontière de Rafah, entre le sud de la bande de Gaza et l’Egypte, est fermée depuis la prise du pouvoir par le Hamas en juin. L’Egypte n’a autorisé son ouverture qu’à de rares reprises pour laisser passer des pèlerins se rendant à La Mecque.